« Explorer le passé pour comprendre le présent » : c’est la signature d’un célèbre magazine d’Histoire[1] qu’on aime beaucoup à L’Atelier STABILO. C’est aussi souvent ce que répondent les enseignants quand leurs élèves (surtout au collège) disent « Pffff, l’Histoire, ça ne sert pas à grand-chose ». Comment décoder le monde d’aujourd’hui sans connaître l’Histoire ? On sait aujourd’hui, grâce à de nombreuses études, combien il peut être important de connaître, aussi, son histoire familiale. Les secrets de famille, la généalogie qui fait de plus en plus d’adeptes, la psycho-généalogie qui interpelle… Nous vous proposons de plonger aussi dans nos histoires !
L’Histoire à l’école
Pourquoi, en France[2], enseigne-t-on l'Histoire de l'école primaire au baccalauréat ? Pas sûr que dans leurs futurs emplois, les jeunes puissent replacer la date fatidique de 1515 et certains managers préféreraient peut-être qu’on enseigne le marketing ou la comptabilité plutôt que les affres de la Révolution Française ou les discours de De Gaulle. C’est sous la 3ème République que l’enseignement de l’Histoire a été rendu obligatoire. Les écoliers ont appris à lire dans Le Tour de France par deux enfants qui glorifiaient l’Histoire de France tout autant que le temple laïc du Panthéon « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ». Les manuels d’Histoire portaient, eux, la mention « Enfant, tu aimeras la France parce que la nature l'a faite belle et que son histoire l'a faite grande ». L’Histoire de France devait être le ciment de la République !
De tout temps, on a raconté de belles histoires lors des veillées à l’école ou à l’église, des contes, des mythes, la vie des saints ou celle des grands hommes qui ont « fait le pays ». Il s’agissait bien sûr de forger la conscience des futurs citoyens en leur donnant pour exemple de grands « ancêtres ». Mais surtout, nous demandons à l’Histoire de nous éclairer sur le monde avec, autant que possible, la possibilité de tirer des leçons de l’expérience. Ne pas reproduire une crise de Munich en 1938 par exemple ! « L'Histoire nous instruit sur les chaînes de causalité qui mènent à des drames sans que nous nous en apercevions. Pourquoi, par exemple, nos aïeux, qui n'étaient ni plus ni moins bellicistes que nous, ont-ils pu se laisser entraîner dans la Grande Guerre ? Pourquoi, pétris de bons sentiments, ont-ils colonisé l'Afrique et d'autres régions du monde ? » peut-on lire sur Hérodote.[3]
Le monde d’aujourd’hui est tellement compliqué, la géopolitique tellement bouleversée – et bouleversante. Comment comprendre la situation en Palestine et Israël sans un regard (enfin, un regard bien appuyé parce que cela remonte un peu) dans le rétroviseur ? Comment comprendre la guerre en Ukraine si on n’a rien compris à la grande Russie, l’URSS, le mur de fer ? Comment ne pas reproduire les erreurs du passé si on les ignore ?
Peut-on dire que les français se passionnent pour l’Histoire ? C’est difficile à dire. Nos jeunes générations semblent s’en désintéresser totalement. Mais force est de reconnaître que les romans historiques ont du succès (auprès des plus « anciens » comme le best-seller « Au revoir là-haut »), les biopic des plateformes de streaming également. Quant aux jeunes, parfois, ils accrochent à l’Histoire avec... un jeu vidéo. « Assassin's Creed », les jeux de Ubisoft (une société française), connaissent un succès planétaire (et leur qualité historique est reconnue !). D’après Hugo Orain, professeur d’Histoire Géographie, « Il y a de plus en plus d’élèves de licences ou master fans d’Assassin’s Creed et qui sont en Histoire grâce à ça ».
L’histoire familiale, laisser une trace
Et l’histoire de la famille, alors ? Ce sont les séniors qui sont les plus passionnés de généalogie, animés par le besoin de revenir sur leur passé familial et de transmettre leurs racines à leurs enfants… Mais pas seulement ! De plus en plus de jeunes se prennent au jeu. Ce loisir fait voyager dans le temps et les lieux, comme une enquête où l’on trouve des indices, comme un escape game ! On ouvre une porte et oh, la belle surprise ! Le succès des tests ADN au travers de sites américains – désormais totalement interdits en France pays où la naissance sous X est un secret inviolable – a démontré combien nous sommes curieux de nos racines.
Marie témoigne : « À la mort de mon grand-père, j’ai commencé à coller les photos et raconter qui était qui. Quand j’en parlais, personne ne semblait s’y intéresser mais on me donnait les photos anciennes et autres documents. 20 ans ont passé, et mon neveu vient d’avoir un enfant qu’il a appelé Abel, comme son arrière arrière grand-père, le soldat poilu blessé d’un obus. D’un coup, tout le monde s’est dit : « Mais il ressemblait à quoi Abel ? » et j’étais fière de montrer les photos, les récits, le carnet militaire et la blessure sur la côte 304. Abel était là ».
Le poids du passé
Le poids du passé a intéressé de nombreux psychanalystes et chercheurs. On a ainsi pu démontrer que le stress traumatique des personnes ayant vécu la déportation pendant la 2ème guerre mondiale a non seulement impacté les enfants de ces revenants des camps mais également leurs petits-enfants. Le cerveau est impacté physiquement. Le stress était également visible chez ceux qui étaient dans le ventre de leur mère. Terrible, non ?
« En comparant les fonctions cérébrales de ces personnes avec celles des gens nés avant la guerre, nous avons observé chez les survivants qui ont souffert du stress prénatal une réduction de matière grise au niveau de l’hippocampe et de l’amygdale, zones liées aux émotions et à la mémoire ».
Quant au poids du passé via le secret de famille, il faut lire les ouvrages du psychanalyste Serge Tisseron pour découvrir l’impact que cela peut avoir d’une génération à l’autre... sachant que la plus traumatisée est celle qui ne sait rien. La 2ème génération ressent que quelque chose ne va pas et se doute du secret et du mensonge, culpabilise souvent : « On se tait quand j’arrive parce que j’ai fait quelque chose de mal ». La 3ème génération ne garde que la culpabilité et ce quelque chose qui ne va pas. Suicide, enfant illégitime, adoption et aujourd’hui PMA… Parfois les secrets pèsent comme des briques sur les enfants à qui l’on a préféré cacher la vérité.
Obligé de passer par la généalogie ? Que nenni !
Chacun aborde la « vérité » familiale comme il l’entend, certains ne s’y intéressent pas du tout, certains n’y accordent aucune importance (« un grand-père inconnu, et alors ? ») et d’autres cherchent. Pourtant, on dit que dans chaque famille, il y a un passeur de mémoire.
Peut-être que, sans vous lancer dans l’enquête familiale vous pouvez trouver ce passeur et montrer à vos enfants les photos de vos ancêtres ! Parfois grand succès, parfois sans réaction, ce moment peut aussi semer une petite graine de curiosité et voir, comme avec Marie, un prénom d’ancêtre revenir sur le devant de la scène des années plus tard !
Pour terminer cet article, si vous voulez aborder l’histoire familiale avec légèreté, il y a un dessin animé à voir ! « Coco » de Disney porte sur l’importance de garder la mémoire de nos ancêtres et c’est une petite pépite.
On ne vous spoile pas en concluant avec la chanson du film :
Ne m'oublie pas
Je vais devoir m'en aller
Ne m'oublie pas
Tu ne dois pas pleurer
Même quand je suis très loin de toi
Tu restes dans mon cœur
Je chante en secret chaque soir
Pour que tu n'aies plus peur
Sources :
[1] Ça m’intéresse Histoire
[2] Ce n’est pas le cas dans de nombreux pays !