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L’affichage en classe

15 avril 2024


Un outil pédagogique important mais pas toujours bien utilisé
En suite de notre article sur l’espace dédié à l’écriture et de notre série sur les rituels d’écriture et indispensables pour enseigner la production d’écrits, nous nous sommes penchés, cette semaine, sur les affiches de la classe. Si elles ne sont pas toutes dédiées à l’écriture (heureusement), elles ont toutes leur place pour aider les élèves à produire leurs écrits. Mais attention, selon l’IGESR (Inspection Générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche) et son rapport[1], point trop n’en faut : trop d’affiches tue l’affiche et ce doit être un support évolutif. C’est quoi un affichage efficace pour la classe ?

L’affichage en classe, rappel


Il y a différents types d’affichage : le didactique (qui va nous intéresser le plus), l’esthétique, l’affichage des productions des élèves et on peut parler de l’affichage « social » : les règles de vie en classe par exemple ! L’affichage en classe permet aux élèves de gagner en autonomie. L’affichage didactique (s’il joue pleinement sa fonction) est pour l’élève une référence sur laquelle il peut provisoirement s’appuyer pour aller plus loin dans la construction de ses savoirs et compétences. Pour jouer son rôle, l’affichage doit répondre à des critères clairement identifiés et explicités par le-la maître-sse. Il faut que les référents affichés soient réellement utilisés par les élèves dans des activités précises afin de leur apprendre systématiquement à le faire (s’ils en ont besoin). L’affichage peut être un précieux auxiliaire pour l’enseignant, pour fixer des notions comme pour en rappeler d’autres déjà étudiées, pour aiguiser la sensibilité esthétique ou développer le réflexe de recours à la documentation. Mais pour être efficace, il doit résulter d’un choix raisonné, il doit être pensé en cohérence avec la progression des apprentissages… et il doit donc évoluer au fur et à mesure de la progression des élèves.

Des affichages trop nombreux, pas renouvelés

La mission de l’IGESR « a fait le constat, sans surprise, de la diversité des stratégies d’affichages dans les classes. Dans 43 % des classes visitées, les affichages sont très, voire trop, nombreux. Si cette option répond parfois à la volonté de rendre la classe « chaleureuse », l’espace est en réalité surchargé ; murs, fenêtres, tableaux, parfois de haut en bas, sont largement recouverts. Avec une telle profusion, l’affichage perd sa fonction de référence et d’appui pour les élèves » : trop d’affiches tue l’affiche !

Ce repérage est pourtant crucial quand on sait la diversité des supports à visée pédagogique qui peuvent être affichés dans les classes : des outils de référence en français et mathématiques, des tableaux de procédures, des codes d’autocorrection, des listes associées à la conjugaison des verbes, des aides diverses, des frises, des cartes, des productions d’élèves, des travaux dédiés à un projet (culturel, scientifique, littéraire,...). Dans 32 % des classes observées, les affichages sont moins nombreux mais d’un intérêt inégal, à la fois sur le fond et sur la forme. La mission a visité des classes avec un affichage minimal et d’autres où la diversité des supports mélangés à d’autres décorations, sans logique apparente, ne facilite pas la mobilisation de ces outils par les élèves ni par l’enseignant. Les affichages en français et en mathématiques peuvent parfois côtoyer des cartes de géographie, une frise historique et des dessins produits par les élèves.

Dans 25 % seulement des classes visitées, les inspecteurs généraux ont observé un choix équilibré d’affichages intéressants, en nombre adapté, très lisibles et bien organisés. C’est un constat qui montre que la stratégie d’affichage doit devenir un objet de réflexion partagé au sein des équipes pédagogiques.

La place de la production d’écrits dans les affichages

Dans la plupart des classes observées, les affichages concernent pour une grande majorité le français, certains pouvant même être à 95 % dédiés à cette discipline. C’est tout particulièrement l’étude de la langue qui est au centre de ces affichages : règles de grammaire, syntaxe, orthographe, lexique et conjugaison. La mission fait le constat que la production d’écrits est donc d’abord comprise sous l’angle d’une approche technique du fonctionnement de la langue. La mission constate que la production d’écrits est trop souvent circonscrite au français et insuffisamment envisagée à travers une transversalité des supports ou d’occasions de développer ce domaine dans différents contextes disciplinaires.

L’affichage efficace : des idées pour le renouveler facilement

Que dit le rapport ? « Les affichages sont souvent conservés d’une année sur l’autre, déjà placés sur les murs en début d’année scolaire et leur utilisation possible, potentiellement flexible, n’est pas toujours expliquée aux élèves. Il apparaît difficile pour une majorité d’enseignants de renouveler, même partiellement, le corpus des affichages ou des autres supports pour les apprentissages des élèves. La mission a observé, avec intérêt, des classes où des enseignants ont fait le choix d’une combinaison entre un affichage installé, plutôt pérenne, et un affichage « temporaire » ou « éphémère », qui accompagne les apprentissages en cours, notamment les productions d’écrits du moment. Ces affichages peuvent être situés sur un tableau mobile, sur un mur dédié ou présentés sur des planches en lien avec les textes étudiés ».

Certains affichages sont sur des supports effaçables - on pense aux crayons marqueurs effaçables à sec ou avec un chiffon humide STABILO MARKdry - qui facilitent leur évolution en matière de contenus. « Dans un tout petit nombre de classes, on retrouve aussi le dispositif des « fils et pinces à linge », plus habituel en maternelle mais qui se révèle tout aussi utile en élémentaire, notamment quand il s’agit de mettre en valeur les productions des élèves, qui sont au cœur de cette organisation pédagogique.

Pour que les affichages jouent pleinement leur rôle d’appui aux apprentissages, il est conseillé qu’ils soient :

  • Parfaitement lisibles : presque un quart des classes montre des affichages qui ne le sont pas toujours de tous les élèves, en raison de leur hauteur dans la salle ou qui présentent une surcharge d’informations.
  • Évolutifs, c’est-à-dire complétés au fur et à mesure de l’année, en appui aux apprentissages travaillés par les élèves ; c’est le cas dans un peu moins de deux tiers des classes mais un tiers d’entre elles n’est pas encore entré dans cette logique.
  • Utilisés, ce qui n’est pas le cas dans six classes sur dix. Ce constat montre le faible intérêt que les élèves portent aux affichages, faute d’une stratégie claire de leurs enseignants en la matière. En effet, certains d’entre eux semblent réaliser les affichages uniquement par habitude ou mimétisme sans y voir un réel intérêt pour les élèves et leurs apprentissages. En revanche, quand ils sont bien intégrés aux enseignements, les exemples relevés par la mission témoignent de leur grande utilité : ce sont alors des outils fonctionnels et de référence. Certains affichages sont co-construits avec les élèves et correspondent à la trace écrite dans le cahier de leçons. Les élèves les utilisent. L’utilisation autonome est évidemment l’objectif recherché ».

En conclusion...

L’affichage est selon le ministère et ses directives, un outil pédagogique important… s’il est utilisé par les élèves, guidé par le-la maître-sse. Et vous, quelles sont vos astuces pour un affichage efficace ? La prochaine fois, L’Atelier STABILO se penchera sur la dictée à l'adulte, toujours en puisant dans cette étude très enrichissante.

[1] « L’enseignement de la production d’écrits à l’école primaire : état des lieux et besoins ».