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La dictée à l’adulte

12 juin 2024


De l’oral à l’écrit, dès la maternelle
Après l'espace dédié à l'écriture et l'affichage en classe, suite de notre série sur les rituels d’écriture et indispensables pour enseigner la production d’écrits. Nous nous retrouvons, cette semaine, pour parler de la dictée à l’adulte. L’école maternelle accompagne l’enfant, progressivement, pendant les trois années dans un va-et-vient constant entre ce qui se dit et ce qui s’écrit et il est difficile pour les enfants de comprendre ce qu’est l’écrit. 

On lui propose des activités qui lui permettent de découvrir que l’écrit peut être converti en langage oral lors de la lecture d’album jeunesse par exemple (à faire aussi à la maison, c’est un temps tellement fort qu’ils n’oublieront pas) ! Ils vont ainsi apprendre que - inversement - l’oral produit peut être transcrit par des signes particuliers : l’écriture. Écrire un récit leur est évidemment inaccessible. La dictée à l’adulte est la solution pédagogique (dite innovante, mais elle date des années 70) et les directives du Ministère ne cessent de pousser à sa pratique. Et peut-on à la maison ? Pourquoi pas ! Décodage avec L’Atelier STABILO.

Ce qui se dit peut s’écrire

La dictée à l’adulte, c’est simple : les enfants vont produire un texte écrit et c’est l’adulte qui se charge de l’écrire. Si l’enfant est dans l’incapacité d’écrire (le geste graphique), il ne l’est pas dans sa capacité à dire, inventer, imaginer, décrire. On sépare le geste graphique pris en charge par l’adulte et la production même, assumée par les élèves. Évidemment, l’enseignant accompagne de façon importante les enfants, il les amène progressivement à comprendre ce qu’est l’écrit :

  • Ce qui se dit peut s’écrire : ils mettront plusieurs années[1]  à saisir vraiment que l’écrit code l’oral. Dans la dictée à l’adulte, les enfants parlent et l’enseignant prend en charge l’écriture : il leur donne à voir, de façon concrète, le passage du langage oral à l’écrit, en transformant les paroles en signes et en se montrant en train de le faire. 
  • On n’écrit pas comme on parle. Les enfants découvrent que le discours oral spontané et un discours écrit, ce n’est pas la même chose... qu’à l’écrit, c’est plus élaboré. L’enseignant aide les élèves à passer d’une formulation orale à un message écrit, en respectant les règles, comme la non-reprise du pronom, la non concordance des temps, etc. 
  • L’écrit permet toutes les reprises nécessaires : c’est magique ! Contrairement à la parole (quand c’est dit, c’est dit, et parfois on peut regretter mais c’est une autre histoire), à l’écrit, on peut planifier ce que l’on a à dire, revenir en arrière, faire un brouillon et prendre de la distance par rapport aux propos pour les réajuster et les corriger.
  • Quand on écrit, on fait attention à ce que l’on dit et à la façon de le dire. Ce qui est difficile, même pour un enfant qui maîtrise bien le langage, c’est la dissociation qu’il doit opérer pour, à la fois, se mobiliser sur le contenu qui a de l’importance pour lui et se rendre attentif aux moyens linguistiques qui permettent de bien transmettre ce contenu. Il est nécessaire que l’enseignant conduise avec subtilité l’activité pour que cette double focalisation soit possible. Elle ne peut se mettre en place que progressivement, à travers des activités très régulières et des explicitations répétées.
  • Il ne suffit pas de parler pour dicter : les enfants prennent conscience que même pour leur maître-sse qu’ils pensent être bien maître de ces signes, écrire ça prend du temps ! Il faut changer leur débit et l’enseignant montre le décalage entre la dictée et l’écriture : « Vous allez trop vite ! ». Il relit alors le mot qu’il est en train d’écrire ; les enfants attendent et doivent parfois répéter le mot qui n’a pas encore été écrit. Comme une vraie dictée !

Comment fait-on ? 

Nous, STABILO, on invente et on fabrique des outils scripteurs - comme on dit à l’école - des crayons, feutres, rollers, avec notamment des qualités ergonomiques pour aider l’apprentissage de l’écriture pour les petites mains. Nous avons toute une gamme de produits qui permet d’apprendre à écrire avec plaisir, sans crampe et en apprenant le bon geste dès les premiers écrits. Ce n’est pas à STABILO de donner des conseils aux enseignants pour faire une dictée à l’adulte, et il y a de nombreuses ressources sur internet pour cela (voir nos notes de bas de page[2]). Mais on a trouvé une ressource qui l’explique bien alors, on partage avec vous. Et puis, pour les parents, ça peut être une idée d’activité quand il pleut le samedi !

Un temps pour dire : construction du canevas

À l’oral, on clarifie le projet d’écriture 

L’enseignant amène les élèves à se représenter le destinataire absent : à qui s’adresse cet écrit ? Qu’avons-nous à lui dire et pour quoi faire ? Comment organiser cet écrit ? Les échanges oraux conduisent à l’élaboration d’une trame écrite. Cet écrit au brouillon est un aide-mémoire ; il servira de point d’appui pour la mise en mots.

Mise en mots et écriture en cursive du texte dicté

L’enseignant aide les enfants à énoncer de l’écrit en sollicitant des reformulations. Il écrit de manière cursive, au tableau, sous la dictée des élèves tout en les conduisant par un questionnement à transformer leur oral en écrit, sans en changer le sens. Le maître respecte les formulations mais n’écrit pas d’énoncés impossibles. Il y a cependant des modifications à éviter, celles qui introduiraient un niveau de langage soutenu, inapproprié. Le maître incite les élèves à dicter en verbalisant la relation entre ce qu’ils disent et ce qu’il écrit. Pour être dicté, un texte doit être compréhensible et en synchronie avec la main du scripteur. Le maître dit ce qu’il écrit au moment où il l’écrit.

Lecture et relecture

Pour réguler la production, l’écriture et la lecture du texte jouent un rôle important. En cours d’écriture, l’enseignant énonce à voix haute ce qu’il écrit au fur et à mesure. Il dit ce qu’il est en train d’écrire. Chaque fois que l’adulte vient d’écrire une partie du texte, il le relit entièrement aux enfants. Des relectures du texte en chantier sont indispensables pour permettre aux élèves de se repérer dans ce qu’il reste à écrire du message élaboré à l’oral et également pour mémoriser. Lors d’une phase de relecture, le maître peut suivre du doigt ce qu’il vient d’écrire en le lisant pour aider les élèves à repérer les différents éléments du texte.

Exemple : une démarche de dictée à l'adulte en moyenne section

L'enseignant a fait découvrir le conte : « Boucle d'or » à ses élèves et ils ont pour projet d'inventer et d'écrire une nouvelle histoire de Boucle d'or. L'adulte a fait un travail de fond sur le personnage ainsi que sur la trame narrative de cette histoire.

Avant même de se lancer dans la production écrite de cette suite, l'enseignant a mené un travail en collectif avec les élèves sur le choix d'un début d'un événement central et d'une fin. Cela a fait l'objet d'une prise de notes sous la forme d'un schéma et cela a généré des discussions sur ces différents épisodes. L’enseignant fait appel aux albums, livres, histoires que les enfants connaissent déjà, à leurs expériences, à leur imagination.

Séance de dictée à l'adulte 

Temps 1 : point de départ
L'enseignant situe l'épisode à écrire dans le schéma global de ce qui avait été posé en grand groupe, pour cela il s'appuie sur l'affiche réalisée. Il s'agit d'écrire le début de cette nouvelle aventure.

Temps 2 : échanges oraux
L’enseignant demande aux élèves ce qui va bien pouvoir se passer. Il les laisse s'exprimer librement et fait en sorte qu'il y ait des interactions nombreuses. Son rôle est alors de se décentrer quelque peu tout en validant que les propositions faites font consensus. 

Temps 3 : dictée 
L'enseignant propose aux enfants de mettre ce début par écrit Il repart du canevas proposé et pose le cadre : « alors où est Boucle d'or et que fait-elle? ». Un enfant propose un énoncé que l'adulte reprend et relit en ralentissant le débit oral pour accompagner l'écriture. L'adulte relance de façon ouverte les élèves afin qu'ils précisent leur pensée ou formule d'autres énoncés. 

Temps 4 : relecture
L'enseignant relit l'énoncé produit et met en évidence ce qui n'est pas possible à l'écrit. L'adulte attire l'attention des enfants sur les formulations inadaptées. Ex : l'enseignant : « écoute bien : quand on écrit, est-ce que l'on dit « la petite fille elle était fatiguée » ou « la petite fille était fatiguée » ? L'enseignant va procéder ainsi pour chaque énoncé produit en faisant en sorte de toujours commencer par positiver les productions des enfants car sinon, il prendrait le risque que les élèves n'osent plus prendre la parole. 

Temps 5 : relecture et remarque d'un enfant
L'enseignant relit ce qui a été produit. Un élève souhaite rajouter quelque chose : on a oublié de dire que Boucle d'or avait très faim. L'enseignant précise alors qu'il ne l'a pas dit parce qu'il ne l'a pas écrit et que cela ne lui a pas été dicté. II propose donc de le rajouter.

Temps 6 : ajout du passage manquant
L'enseignant demande où faut-il faire cet ajout dans le texte. Les élèves proposent de l'écrire à la fin. Pour eux, c'est alors un problème matériel et non énonciatif : c'est là où il y a de la place sur le papier. L'adulte relit alors pour montrer que cela ne va pas à la suite dans le discours. Il demande alors aux enfants « c'est quand, dans notre histoire, que... ». La question mentionne l'endroit dans l'histoire. Les élèves l'identifient mais ils sont alors confrontés à un problème de place. L'adulte propose donc d'écrire l'ajout sur une feuille blanche qui sera ensuite intégré au texte initial (découpage- collage). 

Temps 7 : relecture de l'ensemble 
L'enseignant relit l'ensemble du texte produit et valide que les élèves sont en accord avec cette production. Cette relecture sert de vérification et de validation.

Le Ministère invite à réaliser cette activité en petits groupes 

Pourquoi ? « La dictée à l’adulte en très grand groupe est moins profitable car ce sont les parleurs les plus habiles qui produiront le texte tandis que les autres, au mieux, écouteront, au pire, s’ennuieront ». 

Attention cependant ! Il faut veiller à ce que les enfants voient bien l’écrit réalisé par l’enseignant (à l’idéal : un paper board !). La difficulté en atelier : les enfants doivent être face à l’écrit. Il ne faut surtout pas que l’écriture soit vue « à l’envers ».

Sources :