Oh, les petits écoliers en culotte courte, combien étaient-ils à trembler quand l'enseignant(e) annonçait : « Demain, dictée ! ». De nos jours, pour certains, c’est un loisir voire un « sport », preuve en est des compétitions qui se déroulent dans l’hexagone... Pour d’autres, cela reste un fort mauvais souvenir. Quoi qu’il en soit, elle a bien évolué et à l’école d’aujourd’hui, on en trouve de toutes sortes, de toutes couleurs et bien plus rigolotes qu’avant. Ceci dit, un dimanche pluvieux, faire la dictée de Prosper Mérimée en famille, c’est amusant ! Essayez de faire moins de 24 fautes - le résultat d’Alexandre Dumas - ou de 75… Celui du pas bien doué en orthographe, l’empereur des français Napoléon III ! Cette semaine, L’Atelier STABILO a listé toutes les formes bien plus ludiques de la dictée en s’aidant du travail des rectorats (Lille), des DSDEN (93) et d’Eduscol. Nos préférées ? La caviardée, la deux couleurs et la STABILObossée, bien sûr !
Des objectifs revus (et c’est tant mieux)
Aujourd’hui, les objectifs de la dictée ne sont pas « que » de vérifier l’orthographe, la grammaire et les accords des verbes et autres compléments d’objets sont acquis. On lui donne pour objectifs de :
- Réinvestir des connaissances, des compétences et appliquer des règles en situation d’écriture dirigée.
- Confronter les idées et réfléchir (individuellement ou collectivement) à la façon d’écrire les mots en essayant d’expliquer pourquoi ils s’orthographient ainsi.
- Comprendre la signification de l’orthographe des mots en faisant fonctionner la langue.
- Augmenter le capital mots mémorisés.
- Faire des hypothèses sur l’écriture des mots, faire des rapprochements analogiques pour pouvoir peu à peu trouver l’orthographe de mots inconnus.
- Utiliser des outils appropriés pour répondre aux questions qui se posent.
Et forcément, ça change tout !
Alors, si on essayait de nouvelles formes de dictées ?
Dictée traditionnelle
Texte composé de mots connus ou pouvant être déduits de manière logique.
Dictée surlignée
On pourrait aussi l'appeler
la dictée STABILObossée, car celle-là, on l'a inventée ! Le texte est distribué la veille et en collectif,
on stabilote avec BOSS ORIGINAL ce qui pourrait être un « piège » : un accord, bien sûr, ou une orthographe particulière : on surligne ainsi - selon l’âge des élèves - le t de chat, les 1 R de je cours et les 2 R de nous courrons. Le lendemain, on fait la dictée. C’est plus facile (et prouvé scientifiquement) de
retenir l’orthographe en faisant travailler la mémoire visuelle grâce aux couleurs !
Dictée sans erreur
Le texte est préparé la veille et au moment de la dictée, il est collé derrière la feuille et les élèves peuvent - s’ils le désirent - retourner la feuille. Ils indiquent alors qu’ils ont regardé le mot en le soulignant.
Dictée négociée
Chacun fait sa dictée puis une fois les élèves répartis en groupes, ils devront se mettre d’accord pour ne produire qu’un seul texte, le meilleur possible. Ensuite, on compare les productions de chacun des groupes et on essaye de trouver la bonne orthographe.
Dictée frigo
Chacun fait sa dictée. L’enseignant les ramasse. Le texte solution est distribué et chacun souligne les mots qu’il pense ne pas avoir bien orthographiés. Une discussion collective s’ensuit. Ensuite, on reprend les premiers jets, on corrige et on recopie au propre.
Dictée caviardée
La solution de la dictée est donnée aux élèves, chaque élève masque au feutre noir ce qu’il sait écrire. Ensuite, le maître dicte et l’élève écrit au propre cette dictée, en s’aidant du texte caviardé.
Dictée avec outils
Lors de la relecture de la dictée, on s’aide des répertoires, du dictionnaire pour chercher seul ses outils.
Dictée de mots
Chacun reçoit un corpus de mots et s’engage à un contrat : « j’apprendrais X mots en une semaine. » Les mots choisis seront soulignés sur le corpus. La dictée se fait en fin de semaine : un élève dicte et l’autre écrit.
Dictée phrase du jour
La phrase dictée emploie quelque chose vu la veille ; la phrase dictée s’enrichit tous les jours.
Dictée à trous ou à choix multiples
L'élève complète un texte avec des mots dictés ou l’élève a le choix entre plusieurs solutions et doit justifier. Permet de cibler une compétence particulière.
Dictée au maître / à la maîtresse
Le maître ou la maîtresse écrit la dictée et provoque les échanges entre élèves sur un certain nombre de points.
Dictée dirigée
Écrire une phrase au tableau. Après l’avoir lue collectivement, la faire découper en groupes grammaticaux qui seront analysés puis copiés d’un seul bloc ("Le petit chat boit du lait" : qui boit ? que fait le chat ? pourquoi y a-t-il un T à petit ? et à chat ? Maintenant, copiez "Le petit chat...")
Dictée guidée
On annonce l’objectif ou les objectifs avant (rappel) puis l’enseignant(e) dicte le texte (l'attention est portée sur un type de difficulté : accord des verbes, temps, accord dans le groupe nominal…). La relecture est également guidée.
Dictée quotidienne
Pour travailler les automatismes. Rituel d’une vingtaine de minutes où les élèves écrivent la phrase du jour voire 2 phrases en fonction du niveau de classe. Correction collective avec justifications ou à partir de la dictée qu'un élève a effectuée derrière le tableau
Dictée avec erreurs
La dictée présente 10 erreurs à retrouver.
Dictée la plus difficile
Fabrication par un groupe d’élèves (ou l’enseignant) d’une dictée accumulant le maximum de difficultés orthographiques. Il faut tout corriger.
Dictée à transformer (transposition)
Les groupes nominaux changent de genre ou de nombre.
Dictée préparée
Les erreurs possibles ont été envisagées et analysées auparavant. Traitement collectif de problèmes posés par le texte avant la dictée en individuel.
Dictée judo
Un texte étalonné sur 100 points est dicté aux élèves.Chaque mot correctement orthographié rapporte des points (barème élaboré par l’enseignant). Par exemple, les petits mots : 1 point, les noms et les adjectifs : 2 points, les verbes : 3 points... Le score obtenu par chaque élève est référé à un code de couleur qui rappelle celles des ceintures des judokas.
On termine avec la dictée défi de deux couleurs
Lancer le défi : « On va faire une dictée difficile donc tout le monde va certainement faire des erreurs ; mais ce sont ces erreurs qui vont nous faire progresser… Après un travail tous ensemble, quand on refera cette dictée, chacun aura tout ce qu’il faut pour ne plus faire à nouveau ces erreurs ; on va tous travailler à la réussite de chacun ».
- Dictée « classique » d’un même texte pour tous, comportant des difficultés pour tous ; les enfants écrivent sans l’aide d’outil de référence (juste avec ce qu’ils ont déjà en tête).
- En petits groupes, les enfants se relisent (toujours sans outil) et comparent leurs écrits.
- Si, dans la confrontation, certains repèrent des erreurs, ils les corrigent, cependant la tâche du groupe est de recopier sur une affiche la dictée avec deux couleurs : l’une réservée aux mots que tous les enfants du groupe ont écrits de la même manière (on est d’accord), l’autre pour les mots qui ont été orthographiés différemment (on n’est pas d’accord).
- L’enseignant(e) recopie sur une affiche (ou au tableau) la dictée avec les mêmes deux couleurs en prenant en compte l’ensemble des propositions des groupes.
- Commence alors un travail de recherche (cette fois avec l’aide d’outils de toutes sortes), par petites équipes, autour des mots orthographiés différemment (on ne travaille que sur les erreurs).
- Chaque équipe se voit attribuer des parties de la dictée (l’ensemble, c’est trop long…) mais il est cependant important que chaque partie soit traitée par au moins deux groupes pour permettre ensuite une confrontation dans la phase suivante.
- Les groupes ont pour mission de remplir un petit tableau avec 4 parties du type : Le mot (dans son groupe de mots) a été écrit / Nous pensons qu’il aurait fallu l’écrire / Parce que… (règles et trucs pour savoir et s’en souvenir) / Outils à utiliser pour ne plus faire l’erreur ou pour retrouver la règle.
- Confrontation des propositions des équipes avec le texte de départ, validation par le groupe (et l’enseignant(e)), choix des formulations s’il y en a eu plusieurs puis élaboration collective d’une fiche synthèse qui reprend le tableau ; trace écrite qui prend place dans le classeur outil.
- Observation et analyse, par chacun, des erreurs qu’il/elle a faites lors de la dictée et entraînement collectif ou personnalisé sur les types d’erreurs qui ont été faites.
- Nouvelle dictée du même texte. Les enfants peuvent avoir recours à leurs outils de référence (ou à un petit « mémo/pense bête/antisèche » qu’ils auront pu élaborer précédemment avec x règles ou qui tient sur ¼ de feuille) mais ne pourront cependant pas prendre appui directement sur le tableau.
- L’enseignant(e) (ou un camarade) pointe à nouveau le lieu des erreurs mais il sera également très important de pointer les progrès qui ont été faits entre les deux versions de la dictée. On analysera à nouveau le pourquoi de ces erreurs (méconnaissance de la règle, manque d’entraînement, inattention,…) et on cherchera ensemble des stratégies pour encore progresser…
- On peut envisager, plus tard (après de nouveaux entraînements, des temps d’entraide ou de tutorat), en évaluation par exemple, de refaire cette même dictée mais cette fois, sans outil pour évaluer les acquis.
Sources :
Virginie Lambadaris, CPC, Hauts de France, Académie de Lille
RA16_C3-C4_Francais_Etude_langue_Differentes_formes_dictees_activites_759208 – Eduscol.fr
Les différentes formes de dictée – DSDEN93