Bien manger (et manger de tout), bouger, bien dormir, se laver et se laver les dents, ne pas fumer, faire attention sur la route, être capable de donner l’alerte en cas d’accident, agir en cas d’inondation, faire attention aux abords de barrage, ne pas abuser des écrans... On en oublie sûrement mais ce sont quelques-uns des sujets de sensibilisation qu’on trouve dans les programmes scolaires et qui, bien sûr, résonnent pour tous les parents qui, pour certains de ces sujets, les répètent chaque jour.
Pourquoi donc est-ce en primaire, et particulièrement en CM, que nos élèves et enfants sont soumis à toutes ces injonctions ?
En dehors du fait que bien entendu, c’est pour leur bien, leur sécurité, leur santé et leur avenir qu’on leur apprend à bien manger, bouger et prendre les passages piétons et autres, les enfants apprennent à l’école tous ces sujets pour plusieurs raisons.
À cet âge, la parole de l’enseignant est quasiment « parole d’évangile ». Ce qu’a dit la maîtresse ou le maître a souvent mille fois plus de pouvoir que la parole des parents. L’institution - l’Etat, le ministère - l’a bien compris et ce, depuis très très longtemps. Alors, même si l’enseignant est un peu plus remis en cause qu’au 19ème siècle, au primaire dans l’immense majorité, les enfants vénèrent leurs professeurs des écoles. De ce fait, le programme scolaire liste de nombreux sujets de sensibilisation à aborder.
Parce que l’adolescence n’est pas encore là, ils sont moins rebelles vis-à-vis de la parole de l’adulte et moins enclins à transgresser les interdictions. Au collège, on continue bien sûr à les sensibiliser à des sujets de santé et de citoyenneté mais bien moins qu’en primaire… parce que « ça marche » moins bien. Ça marche aussi moins bien à la maison mais c’est un autre sujet (sourire).
Et surtout, l’enfant est aujourd’hui prescripteur, bien plus qu’au 19ème siècle où il avait moins la parole à la maison. Le port de la ceinture pour le conducteur dans les années 70 ? C’est par les enfants qu’on est passé pour que dans la voiture, ils disent « Papa Maman, mettez votre ceinture, je l’ai appris à l’école et la maîtresse a dit que… ». Qui ne les a pas entendus dire « Faut pas fumer, Maman, tu vas avoir un cancer ». Ok, il y a des sujets sur lesquels on aimerait qu’ils campent sur leurs positions (comme la cigarette) mais globalement, on le sait, ce qui est acquis à cet âge l’est pour la vie.
Et puis… ils apprennent et retiennent ; alors, sur des sujets de sécurité, oui, les enfants peuvent être des petits messagers voire… des acteurs de prévention. Cet été, par exemple, une petite fille de 8 ans a su prendre le téléphone, faire le 15, décrire la situation et donner son adresse alors que sa maman avait fait un malaise. Elle a assurément sauvé la vie de sa mère. Elle l’avait appris en classe.
Autre exemple : le 4 décembre 1995, sept personnes, dont 6 jeunes enfants, se noient lors du lâcher d'eau d'un barrage EDF en Isère, pendant une sortie scolaire. Depuis, le producteur d’hydro électricité va dans les classes pour montrer aux enfants les risques que cela comporte de se baigner en aval d’un barrage. Nul doute que ces chers bambins sauront, l’été, dire à leurs parents : « Non non, regarde maman le panneau jaune, il ne faut pas aller là pour la baignade, je l’ai appris à l’école, c’est très dangereux ».
Faut-il pourtant attendre de l’école qu’elle apprenne aux enfants à se laver les dents tous les jours ? Certes, le sujet sera sûrement abordé en classe, comme tous les autres, mais si vous êtes parents, ne lâchez rien, c’est votre rôle : oui, il vous faudra répéter chaque jour, pendant des années : va te coucher c’est l’heure, viens te brosser les dents, allez à la douche, pose ce téléphone, si tu continues je débranche le wifi, mange tes haricots verts… Bon, on s’arrête là, vous connaissez ça par cœur. Ne lâchez pas : ce qui est dit (et redit) reste pour la vie. Si, si, vous verrez. Et en tant qu’enseignant, sachez qu’il y a de nombreuses actions pédagogiques pour vous aider : des kits pédagogiques clés en main, bien sûr, mais aussi des interventions en classe gratuites avec des diététiciennes, des professionnels, des animateurs sur les sujets les plus variés allant de l’énergie à l’alimentation en passant par la sécurité routière – bien sûr – ou le tabac. Quoi qu’il en soit, c’est une certitude, ça en vaut la peine !
