De nos jours, l’ergonomie du poste de travail, qu’il soit industriel ou de bureau, est une évidence dans les entreprises. Les enjeux ? La motivation, le rendement, le confort et bien entendu, la prévention des maladies professionnelles et en particulier le mal de dos, mal du siècle. Chez nos enfants, pourtant soumis à de longues heures assis à leur table d’écolier, on accorde bien peu d’importance à l’ergonomie de leurs outils d’écriture ou à leur posture, alors que c’est tout aussi important. Il gigote sur sa chaise ? Elle a mal à la main ? Il se dit « fatigué » ? Appuie sa tête sur sa main non dominante ou pose sa tête et son bras sur la table ? L’enfant est peut être juste mal assis ou tient mal son crayon… Retour sur trois points de vigilance pour libérer le geste d’écriture.
La posture d’écriture
Il s’agite sur son pupitre à l’école, à son bureau ? Il ou elle fait ses devoirs sur la chaise haute de la cuisine ou pire, allongé(e) par terre ou sur son lit ou le canapé ? Apprenons-leur à bien se tenir, quitte à passer pour un rabat-joie ! Adopter une mauvaise posture peut exercer une pression sur les muscles, les articulations et les ligaments et lorsqu’un enfant a une posture instable, il dépense trop d’énergie à garder sa stabilité et son équilibre. Toute cette énergie déployée nuit à sa capacité d’accomplir des tâches faisant appel à sa motricité fine comme l’écriture même celle d’écouter son enseignant...
Pour écrire, s’asseoir bien droit augmente la stabilité, offre une base solide à la production écrite. Et quand le geste d’écriture se libère, on est plus attentif à ce qu’on écrit, dans le choix des mots comme dans l’orthographe et on écoute la consigne ! En abandonnant la plume au profit des stylos, si simples à utiliser, on a souvent laissé de côté tout ce qui était important dans l’apprentissage de l’écriture dans les écoles de la 3ème république et notamment à « bien se tenir » !
Depuis quelques années, l'Éducation Nationale demande aux enseignants d’être vigilants, juste retour sur une ergonomie essentielle pour bien écrire.
Pour vous assurer que l’enfant a une bonne posture, suivez la règle des trois angles à 90 degrés :
- Ses pieds sont à plat sur le sol, à un angle de 90 degrés avec ses chevilles.
- Ses genoux sont pliés à un angle de 90 degrés et se trouvent à un ou deux pouces du rebord de son siège.
- Ses hanches sont appuyées sur son dossier et positionnées à un angle de 90 degrés.
- Si la chaise est trop haute, mettez un livre ou une boîte sous les pieds de l’enfant. Si la chaise est trop basse, placez quelque chose sur son siège pour le surélever, par exemple, un livre ou un coussin ferme. Et quitte à leur faire lever les yeux au ciel : pas de devoirs écrits allongé(e) sur le ventre sur le tapis du salon ou sur leur lit !
La position
Si la posture est bonne, il faut ensuite veiller à la position. « Pour un meilleur confort, le cahier doit être légèrement incliné vers la gauche pour le droitier, vers la droite pour le gaucher. En effet, lorsque le cahier est incliné, il est plus ou moins dans l’axe de l’avant-bras ce qui permet de placer la main tout naturellement dans le prolongement de l’avant-bras. Les muscles du bras sont alors en position de repos. Le coude doit être dégagé́ afin de pouvoir aller de gauche à droite sans s’arrêter. La main qui n’écrit pas se place sur la page à gauche de la zone d’écriture pour assurer à la fois la fixation de la feuille et l’équilibre du corps ». explique le Ministère.
Récapitulons :
- Le corps de l’enfant doit faire face à la table et ses coudes doivent être alignés avec le dessus de la table, pliés à 90 degrés.
- Il doit être assis, le torse légèrement incliné vers l’avant à hauteur des hanches.
- Il doit poser sa main non dominante sur sa feuille pour qu’elle ne bouge pas.
- Son poignet et son avant-bras doivent reposer sur la table.
- Le haut de sa feuille doit être incliné vers la droite s’il est droitier, et vers la gauche s’il est gaucher.
- La feuille doit être placée à un angle de 30 à 45 degrés si l’enfant est gaucher, et de 20 à 45 degrés s’il est droitier.
- Important : pour aider l’enfant gaucher, l’enseignant
veillera à ne pas le placer à la droite d’un droitier !
La tenue du crayon
Lorsque le stylo-bille est apparu, quelle libération ! Mais la facilité d’emploi du stylo-bille a entraîné une diminution de l’enseignement de l’acte graphique. Il est devenu « facile » d’écrire alors qu’avec une plume et un encrier, la tenue de l’outil scripteur était essentielle. En effet, avant l’apparition du stylo-bille, la belle écriture, si chère à l’enseignement français, n’était possible qu’avec une tenue adéquate de l’outil scripteur, la fameuse « plume ».
Avec l’apparition des outils modernes, l’apprentissage de la motricité fine ne paraissait plus d’actualité... On laisse les enfants tenir leur stylocomme ils veulent. De plus, nous sommes passés d’une société normative à une société constructiviste et en éternel mouvement. Il en a été de même avec la pédagogie. L’enseignant n’est plus le maître qui montre et qu’il faut suivre « à la lettre » (c’est le cas de le dire) : l’enfant doit être acteur de ses apprentissages. C’est donc particulièrement difficile à mettre en place pour l’écriture qui reste extrêmement normée !
Depuis le début des années 2000, rétropédalage : apprendre à tenir son crayon est essentiel ! Des auteurs comme Marie-Thérèse Zerbato-Poudou proposent des ouvrages et méthodes et tiennent des conférences dans les rectorats sur le sujet. Depuis, quoique le débat déchaîne encore quelques experts, la tenue du crayon, reconnue comme la plus adéquate et qui est enseignée dans les écoles, est la « pince en canard » (voir ci-dessous : source Élise HARWAL, graphothérapeute).