L’acquisition de mots variés est un atout pour votre enfant. Avoir un vocabulaire riche, ce n’est pas seulement communiquer et mieux exprimer ce qu’on ressent, c’est aussi mieux comprendre et appréhender le monde. Les professionnels pensent aussi que moins un enfant a de vocabulaire et plus il lui sera difficile d’apprendre à lire. Le manque de vocabulaire (et des difficultés à exprimer une souffrance) entraîne de la violence chez l’enfant mais aussi chez les adolescents. Autant dire que les mots, pour exprimer les maux entre autres, c’est indispensable. Comment faire de l’apprentissage des mots un jeu ?
À quoi sert le vocabulaire ?
Le vocabulaire sert à nouer des relations
Quand les enfants sont petits et ont du mal à communiquer et exprimer ce qu’ils ressentent, les colères et larmes remplacent les mots… Petit à petit, en grandissant et en maîtrisant mieux le langage, l’enfant arrive à exprimer autrement que dans la colère. Les mots vont lui permettre de nouer des relations, à l’école ou au parc.
Le vocabulaire sert à éviter le conflit
La montée de violence chez les jeunes est analysée ainsi par des médecins et des enseignants… « Une partie importante des jeunes Français ne possède que quelques centaines de mots, quand il leur en faudrait plusieurs milliers pour tenter d'examiner et d'accepter pacifiquement leurs différences et leurs divergences. Lorsqu'ils doivent s'adresser à des gens qu'ils ne connaissent pas, avec lesquels ils ne partagent pas les mêmes convictions, les mêmes croyances, la même appartenance, un vocabulaire exsangue et une organisation approximative des phrases et des discours ne leur donne pas la moindre chance de relever le défi de l’explication sereine ».1
Le vocabulaire sert à mieux apprendre
Avoir un vocabulaire riche et précis va être essentiel dans ses apprentissages et on ne parle pas de compréhension de ce que demande l’enseignant ou des consignes de l’exercice… Les enfants comprennent tous ce que dit leur maîtresse ! L’enjeu va se poser pour l’apprentissage de la lecture pour commencer2.
Le linguiste Bentolila dit ainsi « Si l’on n’y prend garde, un enfant qui souffre d’un déficit sérieux de vocabulaire à l’entrée au cours préparatoire aura beaucoup de difficulté à apprendre à lire, et ce quelle que soit la méthode de lecture qui sera utilisée. Porter un élève de maternelle vers une bonne maîtrise du langage oral en enrichissant son vocabulaire, en l’aidant à ciseler ses phrases, c’est certainement le meilleur moyen de le préparer à apprendre à lire ; c’est aussi la meilleure façon de le lier aux siens et aux autres ».
Ainsi, l’Education Nationale - qui a abandonné depuis quelques années l’apprentissage systématique du vocabulaire et s’est laissé séduire par l’idée que seule la lecture des textes pouvait apporter un vocabulaire « vivant » - est revenue aux « leçons de mot ». Il semble que pour qu’un mot se fixe dans la mémoire de l’enfant, il faut qu’il soit justement appris « hors contexte »3.
Quand ils grandissent, leur expression écrite ou orale sera déterminante dans leurs études, comme dans leur vie professionnelle d’ailleurs ! Les enfants doivent être formés à ajuster leur discours ou leur texte selon le degré de connivence qui caractérise leur rapport à l’autre. Et pour pouvoir s’ajuster, il faut avoir recours à un plein « sac de mots ». Quand parler est un défi, il faut puiser dans les mots rares, justes, adaptés. Quand on dit des évidences ou des banalités, on se contente de mots plus flous.
Le vocabulaire sert à comprendre le monde
Lorsque les mots précis manquent aux enfants, c’est le sens qu’ils tentent de donner au monde qui s’obscurcit. Car le langage est l’accès au monde ! Savoir nommer les choses, c’est les apprivoiser, les faire sienne dans notre monde d’humains.
Travailler le vocabulaire à la maison
Apprendre du vocabulaire à vos enfants est donc très important : on peut vraiment parler de « bagage » ! Avec des sacs de mots, précis, judicieux, bien choisis et bien compris, il est certain que vos enfants seront plus ancrés dans leur monde et y trouveront plus facilement leur place.
Voici des petits conseils et idées :
- Vous ne comprenez pas ce qu’il vous dit : Dites-le-lui Invitez-le à reformuler avec ses mots, à chercher des mots plus proches de ses intentions. Aidez-le à formuler « Que veux-tu dire exactement ? » avec le mot adéquat.
- Donnez les bons mots : Passés 3 ans, on arrête d’employer les mots lolo, joujou, tutute et autres mots bébés pour employer les mots justes.
Vous hésitez à employer un mot compliqué ? Et pourquoi donc ? Expliquez-lui simplement sa signification et sa nuance par rapport au mot qu’il connaît déjà. Si vous même n’êtes pas à l’aise avec ce mot, prenez un dictionnaire ou recherchez avec lui son étymologie : faites du vocabulaire, un… jeu !
- « Passe-moi le truc qui est sur le machin » : appelons les objets par leur nom même s’ils nous échappent sur le moment : ça fera travailler notre propre mémoire et notre sac à mots !
Des jeux avec des mots
- Cherchez ensemble des mots de la même famille. Par exemple, que peut-on faire avec « charge » ? Charger, chargeur, décharge, recharger, décharger, déchargement… Et avec « branche » ? Brancher, débrancher, rebrancher, branchage, branchies, branchement, branchée… Et avec « route » ? Routier, routine, autoroute, dérouter…
- D’où vient le mot « estival » et « cordial » ? Et « rupture » ? Et « dominical » ? Que trouve-t-on de semblable dans « agricole », « agronomie » et « agraire » ? Qu’ont-ils en commun ? Et qu’en est-il de « rhinocéros », « rhinite » et « oto-rhino-laryngologiste » ? Et de « cardiaque », « cardiologie » et « électrocardiogramme » ? Ou encore de « patriarche », « patronyme », « patrie » et « patron » ?
- Et si l’on essayait de trouver tout ce qui a un rapport avec la « peur » et puis avec la « joie » ou la « colère » ?
- Et puis, peut-être pourrait-on citer le plus de mots possibles (noms, verbes, adjectifs) qui ont quelque chose à voir avec la « forêt », la « mer » ou la « montagne » ?
- Devinettes (trouver des noms d’oiseaux, de fleurs, de légumes en parlant chacun à son tour et jusqu’à épuisement) ou les classiques « Qui suis-je » (en faisant trouver un objet, un personnage…), « Ni oui, ni non », « Je vais au marché et j’achète… » (chacun ajoutant à son tour un achat de plus à la liste qui s’allonge et qu’il faut mémoriser) - source Pomme d'Api
Le vocabulaire, ça compte !
À l’entrée au cours préparatoire, les enfants au vocabulaire le plus pauvre connaissent une moyenne de 500 mots environ ; ceux moyennement pourvus atteignent 1 000 ; le groupe le mieux pourvu à peu près 2 500. L’écart ne pourra pas être rattrapé par l’école seule… Sans en faire un Victor Hugo (qui utilisait 100 000 mots quand une personne cultivée en utilise 25 000), il est important pour votre enfant d’acquérir les mots pour le dire et pour le lire.
Travailler le vocabulaire à l’école4
L’Atelier STABILO vous a préparé un petit résumé des consignes du ministère.
Le vocabulaire à l’école maternelle
Il s’agit de développer la richesse lexicale des enfants, de leur permettre de comprendre et d’utiliser un vocabulaire varié en contexte et enfin de favoriser une expression orale claire et structurée.
Pour cela, le ministère incite à utiliser :
- Découverte active : Intégrer des mots nouveaux dans des activités ludiques (jeux, chants, comptines, lectures d’histoires).
- Enrichissement progressif : Introduire des mots de la vie quotidienne, des notions spatiales et temporelles et des termes liés aux émotions.
- Contextualisation :Enseigner le vocabulaire dans des contextes concrets pour favoriser l’ancrage.
- Exposition fréquente : Répéter et réutiliser les mots appris dans différents contextes.
Les outils : l’observation et manipulation d’objets, d’images ou de situations, des conversations guidées pour inciter à l’expression et l’explication, des activités autour de livres pour introduire du vocabulaire plus riche.
Le vocabulaire à l'école primaire
il s’agit de consolider et élargir le vocabulaire acquis, associer les mots à leurs significations précises et à leurs usages et préparer l’enfant à comprendre et produire des textes (oral et écrit).
- Approche systématique : Enseigner explicitement des mots et des champs lexicaux.
- Diversification des sources : Utilisation de textes, images, supports multimédias.
- Exercices variés : Jeux de mots, catégorisation, synonymes, antonymes, familles de mots.
- Expression écrite et orale : Encourager les enfants à utiliser des mots nouveaux dans leurs productions.
Les outils : travail autour de thèmes (par exemple : nature, métier, émotions), identification et compréhension des mots en contexte (lecture, écoute), révisions fréquentes pour ancrer durablement le vocabulaire.
Sources :