Pourquoi certains enfants ont-ils des difficultés à apprendre l’écriture ?
Je pense que la facilité d’emploi du stylo bille a entraîné une diminution de l’enseignement de l’acte graphique. L’apprentissage de l’écriture a été négligé. Il était devenu « facile » d’écrire. Avec une plume, la belle écriture si chère à l’enseignement français, n’était possible qu’avec une tenue adéquate de l’outil scripteur : c’est simple, si on tenait mal sa plume, c’était l’horreur. Avec l’apparition des outils modernes, l’apprentissage de l’écriture n’était plus un sujet de formation des enseignants pour commencer. Alors que ce n’est pas parce que les outils ont progressé que la tenue du stylo et la position de la feuille doivent être négligées... or elles le sont. Chacun(e) fait donc « comme il peut » cherchant ici ou là, la méthode pour apprendre aux enfants le difficile geste de l’écriture. C’est la raison pour laquelle un institut de formation m’a demandé d’intervenir sur ce sujet auprès d’enseignants.
Quelle est votre méthode après tant d’expérience ?
L’apprentissage de l’écriture... ce n’est pas qu’une feuille et un crayon. Déjà, quand je reçois les enfants après une journée d’école, inutile de leur demander tout de suite d’écrire ! La sophrologie et la respiration permettent par exemple de prendre conscience de son corps. Écrire est un geste de motricité, qui apporte des sensations physiques. Je travaille avec les enfants en projection mentale. Je leur fais faire des petits exercices de sensation en touchant par exemple un sac contenant des petites choses. Nous travaillons la sensorialité, avec les 5 sens si l’on peut ! En dehors de ce geste d’écriture, je propose des méthodes de mémorisation différentes aux parents. Quand je vois une maman faire recopier 10 fois la leçon à un enfant pour qui l’écriture est douloureuse, il faut trouver autre chose (sourire)... La carte mentale, par exemple, permet de mémoriser en utilisant des repères dans l’espace. « J’ai mis la date en haut à gauche et en vert » peut se dire l’enfant.
La carte mentale peut aider à apprendre à quelles conditions selon vous ?
Il faut que ce soit l’enfant qui la fasse. Projeter ou faire une carte mentale à la place de l’enfant ne permet pas la mémorisation. Il faut que ce soit ses mots, ses couleurs, ses dessins. Peu importe s’il n’y a que lui qui arrive à la comprendre. Le but est d’utiliser une méthode qui n’est pas linéaire (le fameux grand 1, petit 1, petit 2). Cela peut être un vrai outil d’apprentissage pour certains enfants, dès le CM et jusqu’aux études post-bac ! Je connais un jeune homme qui a fait toutes ses études de kiné avec des cartes mentales pour apprendre.
Autre point important : il faut une jolie boîte de feutres pour ce que soit un plaisir, que ce soit beau et ludique pour travailler et apprendre. Le feutre doit diffuser la bonne quantité d’encre. Quand on a donné beaucoup d’énergie à faire une carte mentale et qu’au deuxième passage du feutre sur un dessin cela fait un trou sur le papier, c’est décourageant ! L’écriture c’est un effort, des contraintes, une norme... autant faire en sorte que ce soit un plaisir quand c’est possible. Le choix de bons outils agréables et jolis pour écrire, dessiner, mettre en couleur est vraiment important.